Je décrypte la mode à contre-couture, ses bad buzz et ses good news. Je vous parle de mes coups de coeur, mais aussi de ce que je déteste. Bref, je ne fais pas dans la dentelle.
Le (long) teasing sur Instagram. Fait.
La création du compte Kessel. Fait.
Le post Linkedin. Fait.
(Le syndrome de l'imposteur. Fait.)
Bon, c'est le moment de se lancer. Mesdames et Messieurs, la première newsletter Pop' Couture.
Fast&Fashion
L’actualité mode rapide et furieux.
Cette semaine, j’ai décidé de présenter une seule actualité car 1) je fais un taff alimentaire qui me prend beaucoup de temps et 2)… j’ai pas d’autres arguments mais tranquille, je sais que vous ne m’en voudrez pas. En revanche, je n’ai pas choisi cette actu au hasard. En espérant que cette première newsletter vous plaise.
La nouvelle campagne publicitaire Racer Worldwide
Une jeune femme plongeant dans une pelleteuse pleine d’eau, vêtue d’un jean slim plus que déchiré et une veste en fourrure. Voici le tableau. La campagne publicitaire, qui s’articule notamment autour d’une série de vidéos sur la plateforme TikTok, a pour but de promouvoir leur dernière collection présentée en janvier dernier à la Fashion Week. Au coeur de celle-ci, une nouvelle tendance qui commence petit à petit à envahir nos réseaux sociaux : le néo-grunge.
Contre-Couture
Ici, on décrypte la mode, sans faire dans la dentelle.
C’est pas cool, c’est juste grunge
Un t-shirt à strass ostentatoire qui ne demande pas notre avis avant d’apparaître sous nos yeux. Un pantalon bootcut (serré en haut, légèrement évasé en bas) sale et déchiré. Une veste courte en fourrure, supplément pic en métal et grosse capuche (avec des bandes rouges c’est encore mieux). Vous voyez ? C’est Philippe Plein qui sort d’une rave party.
Cette semaine dans Contre-Couture, nous allons parler d’une tendance qui arrive tout doucement dans la fashion : le néo-grunge. Une esthétique à mi-chemin entre les années 2010, ses pantalons skinny et ses parkas à capuche en fourrure, et la tendance grunge de la fin des années 1990, ses groupes mythiques comme Hole ou Nirvana et ses vêtements destroy.
Apparu au début des nineties, le style grunge s’est construit autour de la volonté de rejeter les codes bourgeois et stricts d’une société américaine en pleine apogée. Au même moment à Paris, une vague de créateurs japonais commencent à s’implanter dans les Fashion Week. C’est l’arrivée de Rei Kawakubo, la fondatrice de la marque Comme des Garçons, Yohji Yamamoto, Issey Miyake etc. Ils proposent alors une nouvelle vision de la mode, bien loin du faste et du glamour des années 80 qui commençaient à perdre du sens (les défilés devenaient de véritables spectacles, au point d’oublier le vêtement lui-même). Cette vision, la voici : le vêtement est un concept, il donne une forme au corps et peut, entre autre, être négatif et rebelle, autant que positif. Dans les années 90 alors, l’on rejette ce que l’on voit juste avant : une esthétique léchée, “trop” parfaite et positive qui ne matche pas avec les préoccupations et interrogations de la jeunesse.
Retour en 2024. La tendance néo-grunge arrive, comme dans les années 90, après un trop plein de “clean girl” et de comptes Instagram à l’esthétique tellement minimaliste qu’elle en perd sa sérénité. La preuve en est cet été avec la sortie de l’album BRAT de Charli XCX, qui met en avant un mode de vie décousu et imparfait où faire la fête est au centre des préoccupations. Un lifestyle bien plus proche de la réalité des jeunes qu’une “clean girl” ou qu’un “fit boy” (le fait d’avoir un mode de vie particulièrement sain) qui peut avoir tendance à imposer une certaine pression. C’est donc par effet de saturation que l’esthétique néo-grunge envahie nos réseaux sociaux mais aussi, petit à petit notre garde-robe.
Et ça, les marques l’ont bien compris. C’est notamment le cas de Racer Worldwide, avec sa dernière campagne de publicité grunge où l’on voit une jeune femme en jean slim déchiré se pavaner dans une pelleteuse remplie d’eau. Provocateur, presque dégoutant, mais pourtant bien pensé par les créateurs pour attirer l’oeil sur TikTok tant ces vidéos contrastent avec le contenu mode habituel. C’est aussi évidemment l’un des thèmes des dernières collections Balenciaga, qui frôlent parfois même avec l’indécence. Qu’on y adhère ou pas, cette tendance a envahi, bien au delà de nos vêtements, nos modes de vie. Ce n’est pas un hasard si les jeunes lycéen.nes trouvent ça “has been” (le mot lui-même l’est, ndlr) de poster sur Instagram. C’est pas cool, c’est juste grunge.
L’effet Kiff-Cool
Chaque semaine, l’effet kiff-cool a carte blanche. Dans cette rubrique, j’invite des cop’s à parler de ce qu’iels ont kiffé (ou pas), à s’amuser, à râler, bref à écrire tout ce qu’iels ont envie. Ça peut aussi être l’occasion pour moi de parler de mon coup de coeur (ou coup de gueule) de la semaine.
Pour cette première édition de l’effet kiff-cool, j’avais envie de vous parler d’un sujet très personnel : mon addiction à Vinted. Je vous laisse avec ça et l’on se retrouve la semaine prochaine pour de nouvelles aventures mode.
Confessions d’une accro au shopping moderne
16h11. Je suis en train d’écrire cette newsletter. Une notification apparaît sur mon téléphone. C’est Vinted. Mieux qu’un message de mon crush, mieux qu’une copine qui me propose d’aller boire un verre, il s’agit d’une de mes commandes qui vient d’arriver au point relais. Ni une, ni deux, je claque mon ordi et je cours jusqu’à la boutique pour récupérer le tant attendu colis. Une veste Diesel en fausse fourrure, à mi chemin entre une Cruella sortant de soirée techno et un rappeur américain qui voudrait à tout prix se faire inviter à une soirée de P Diddy (à fuir, bien sûr). Oui, elle en impose. Mais accoutumance oblige, même si cette veste semble satisfaire sur le moment tous mes désirs, me voilà déjà en train de regarder pour la cinquième fois de la journée mes favoris Vinted. Et c’est avec beaucoup de conviction et de passion que je cherche mes fashion crushes du moment comme si le monde allait arrêter de tourner si je ne trouvais pas un “bracelet vintage Thierry Mugler” ou une “chemise Yohji Yamamoto années 90”. Pourtant, rien ne m’arrête. Pas même ce message de mon père, pas même cette envie pressante d’aller aux toilettes, et surtout pas même mon compte en banque (il ne compte pas vraiment dans l’histoire finalement). Comme tout addict, le meilleur moment de ma prise de drogue n’est pas seulement celui où je la consomme, c’est la préparation. Celle où je passe des heures entières à créer mes tableaux Pinterest à la recherche du style ou de la pièce parfaite. Je slide alors sur l’écran de mon téléphone, clique sur Vinted et c’est parti pour le grand saut dans les effets quasi-psychédéliques de l’application. Je cherche, je fouille, je clique, je scroll, je swipe et là. Climax. La jupe ballon blanche de mes rêves. Mais le trip ne s’arrête pas là : voilà le moment de la négociation. 8€ au lieu de 12 ? Allez. En attendant la réponse du dealer de la vendeuse, petite pause : qu’est-ce qui irait bien avec cette jupe ? Et c’est reparti : je replonge à pieds joints dans les milliers de vêtements qui défilent sur mon écran. 8€, accepté. Ça y est, les effets commencent déjà à partir, c’est le moment de dégainer sa carte bancaire, de choisir le point relais et de valider la commande. C’est la redescente. Ce moment de tristesse presque libératrice où l’on pense ne plus jamais vouloir toucher à cette chose beaucoup trop addictive. Le lendemain, 17h38. Une notification apparaît sur mon téléphone. “La vendeuse a déposé le colis au point relais”. J’ouvre l’application, regarde mes favoris, et repart dans les méandres de l’application. Bref, je suis accro à Vinted.
Pssst. Au fait, si tu veux soutenir cette newsletter, n’hésite pas à faire un tour par ici. C’est une cagnotte en ligne qui me permet de couvrir certains frais et de pouvoir investir dans des projets futurs. Merci.
Salomé Bruneau
Passionnée de mode, de littérature et de politique. Profondément engagée et sensible aux plumes incisives. J'aime écrire, partout, tout le temps.