En mode grrRRrrrR

Tout est parti de mon collègue qui m'a dit un jour "mais quelle est cette obsession des femmes bourgeoises de plus de 40 ans à toutes porter un détail léopard ?!". Au-delà de toucher à mon égo (mes ami.e.s connaissent mon amour pour ce motif), ça a piqué ma curiosité : c'est quoi l'histoire de l'imprimé léopard ?

Pop' Couture
5 min ⋅ 04/12/2024

Fast&Fashion

L’actualité mode rapide et furieux.

Lundi soir, c’était la cérémonie des Fashion Awards au Royal Albert Hall de Londres. Au palmarès, que du beau monde : A$AP Rocky remporte le prix de l’innovation culturelle, Jonathan W. Anderson est désigné designer de l’année et Alex Consani qui devient la première femme trans à remporter le titre de mannequin de l’année, pour ne citer qu’eux.

Ce week-end à Paris, un pop-up Salomon se tiendra sur les Champs Elysées. Au programme : customisation de paires par la créatrice de bijoux Kitesy et des workshops organisés par le studio créatif Horah. De quoi créer des paires uniques à glisser sous le sapin dans quelques semaines. Plus d’infos par ici.

La collaboration Scholl x Philososphy di Lorenzo Serafini, ou la paire à demander au Père Noël avant qu’elle soit sold-out. Le concept ? Une réécriture du célèbre sabot version néo-punk. Elle se décline en deux couleurs : marron ou noir. C’est la deuxième collaboration entre les deux marques.

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Contre-Couture

Ici, on décrypte la mode, sans faire dans la dentelle.

Petite histoire du motif léopard

Pantalon léopard, chemise léopard, sac léopard, robe léopard, jupe léopard, collants léopard, t-shirt léopard, foulard léopard… bref le léopard a bon dos. Vous êtes écoeuré.e.s ? Tant pis. Voici la petite histoire de ce motif aux multiples enjeux.

Vêtements et formes de pouvoir

Bien avant d’être un motif, le léopard est avant tout un animal. C’est peut-être simplet dit comme ça, mais c’est important de le rappeler. Parce qu’avant d’être sur tout le monde, cet animal est particulièrement difficile à apercevoir et encore plus à chasser. Ses petites taches lui permettent de se camoufler dans de nombreux types d’environnement. Arriver à tuer un léopard devient alors, dès l’Egypte Antique, une quête importante, tant la réussite de chasser cet animal revêt une puissance sans précédent. Une fois l’animal chassé, fait rare donc, il devient le symbole de la supériorité de l’homme sur la nature et devient l’apanage des rois en chefs de tribus en Afrique (et plus particulièrement au Congo par exemple) et même de certaines déesses égyptiennes comme Seshat (déesse de la sagesse). C’est une manière d’arborer les pouvoirs mystiques du léopard (vitesse, force, férocité, agilité) mais également, de manière plus pragmatique, un bon moyen pour se protéger du froid. Il arrive peu à peu en Europe, notamment à la cour du roi Louis XV où il revêt un symbole de puissance militaire, comme en témoigne ce portrait de Charles-Armand de Gontaut-Biron, fait Maréchal de France par ce dernier.

Portrait de Charles-Armand de Gontaut-Biron, Nicolas de Largillière, 1714Portrait de Charles-Armand de Gontaut-Biron, Nicolas de Largillière, 1714

Petit saut dans l’histoire : on arrive dans la deuxième moitié du XIXème siècle, où les militaires français commencent à coloniser une partie des territoires africains, notamment la Guinée. Le léopard se mue alors comme l’image d’une Afrique exotisée et fantasmée au service d’un imaginaire colonial blanc et européen.

100g de fétichisation, une cuillère de racisme, et un soupçon de sexisme

Si le léopard a pendant longtemps été symbole de la domination de l’homme sur la nature, il est désormais sujet à des fantasmes. Le motif est associé à la figure raciste du '“sauvage”, que l’on peut notamment retrouver sur des sculptures comme à l’Africa Museum de Tervuren près de Bruxelles en Belgique, qui sont désormais mises de côté et accompagnées de panneaux explicatifs pour dénoncer leur caractère profondément raciste (je vous mets un lien juste ici si vous voulez voir mais gros TW racisme, ndlr). Plus récemment encore, dans la mode, l’autrice Christelle Bakima Poundza constate que l’imprimé félin est beaucoup plus souvent porté par des mannequins noires que blanches. Et ce, bien au delà de la mode, puisque la femme noire est souvent représentée comme féline ou animale dans toute sorte de domaines (cc la pornographie. Une preuve de plus que racisme et sexisme font souvent bon ménage (on souffle). En parallèle, c’est aussi à cette époque que les femmes bourgeoises blanches adoptent le léopard comme symbole de la richesse de leur mari, comme si ces hommes arboraient leur femme comme des trophées de chasse (non sans un brin de mauvais goût tout de même). C’est à ce moment-là que Christian Dior introduit dans ses collections l’imprimé léopard et non plus la peau elle-même extrêmement couteuse. On distingue alors la vraie bourgeoisie (qui peut s’acheter du “vrai”), de la "nouvelle” qui préfère l’imprimé.

Nevermind the b… leopard

Pourtant, le léopard est aussi adopté par des classes plus populaires, notamment à travers le mouvement punk apparu au début des années 1980. Il devient le summum du mauvais goût, du vulgaire et de la rébellion, contre la bourgeoisie et les normes sociétales. Un aspect qui plait à certains créateurs tels que Gianni Versace qui en fait une de ses marques de fabrique dans les années 1990, redessinant les contours du beau et du bon goût.

Linda Evangelista, Gianni Versace, 1992Linda Evangelista, Gianni Versace, 1992

Dans les années 2000, c’est encore sous une autre forme que le léopard se fait connaitre : celui de la bimbo. Une femme dite “superficielle” et symbole du mauvais goût, qui porte ce motif pour se faire voir, et être vue à tout prix. Une représentation sexiste qui persiste encore aujourd’hui.

Instagram / @mariegaguech Instagram / @mariegaguech

Le léopard pour toustes

Aujourd’hui, si le léopard est porté par toustes, il ne rêvet pas la même symbolique selon celui ou celle qui le.a porte. Si l’on est une femme bourgeoise blanche : on a bon goût. À l’inverse, si l’on vient de classe populaire et / ou que l’on est racisé : c’est vulgaire. Si l’on appartient au sacro-saint milieu de la mode : on est fashion, si on ne l’est pas : on est juste comme tout le monde. En fait, cet imprimé nous en dit beaucoup sur ce qu’est la mode et les tendances : il est chargé d’histoire, de symboles, et prend des sens différents selon les époques et les personnes qui le portent.


L’effet Kiff-Cool

Chaque semaine, l’effet kiff-cool a carte blanche. Dans cette rubrique, j’invite des cop’s à parler de ce qu’iels ont kiffé (ou pas), à s’amuser, à râler, bref à écrire tout ce qu’iels ont envie. Ça peut aussi être l’occasion pour moi de parler de mon coup de coeur (ou coup de gueule) de la semaine.

Cette semaine pour l’effet kiff-cool, j’ai testé une nouvelle marque de culottes de règles. Le nom, c’est Sisters Republic. Je vous laisse avec ça et l’on se retrouve la semaine prochaine pour de nouvelles aventures mode.

It’s tiiiiiime

Et je ne parle pas de Noël, mais bien de mes règles. Cette semaine, c’était leur tour et comme à chaque fois, ça me fout la flemme (pardonnez ma vulgarité). Mais depuis quelques temps, j’ai trouvé un moyen pour passer un moment un tout-petit-peu plus fun : j’ai adopté les culottes menstruelles. Si vous connaissez (autrement dit si vous avez un utérus), vous pouvez passer la partie explicative. Pour les autres (zhommes6), explication : ce sont des culottes absorbantes qui permettent de remplacer les serviettes hygiéniques et/ou tampons souvent couteux.ses et pas super ouf pour la santé (cf : les chocs toxiques). Elles sont lavables et ont plusieurs niveaux d’absorption en fonction du flux menstruel. Bref, c’est super pratique.

Alors cette semaine, j’en ai testé des nouvelles : celles de la marque Sisters Republic. Au-delà de l’aspect esthétique, qui est purement subjectif, elles ont l’avantage d’être très fines (on n’a pas l’impression de porter une couche) tout en étant très absorbantes, ce qui permet d’être tranquille pour une bonne partie de la journée. Pour le lavage, je vous recommande de rincer votre culotte à la fin de l’utilisation puis de la laver avec vos habitudes de lavage (toujours mieux à 60°C pour les sous-vêtements). Mon p’tit coup de coeur de la semaine <3.


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Par Salomé Bruneau