Faut qu'on parle

Avouez, on rêve toustes secrètement de ressortir nos vieux jeans slims du lycée pour les driper à la sauce 2025. Et je ne parle pas des skinny, aka les pantalons presque impossibles à enfiler et retirer sans se couper la circulation sanguine. 3...2...1... on lache ces geulaaarr et on saute plein pieds dans cette nouvelle année sous gros slims.

Pop' Couture
6 min ⋅ 20/01/2025

Pour moi, la fin de 2024 a plus ressemblé à la fin du monde (ou Destination Finale) qu’à de joyeuses fêtes de fin d’année. Et pour cause, après 3 décès (et je ne parle évidemment pas de Jean-Marie Le Pen), une giga grippe de l’enfer et le début du chômage freelance, j’ai bien eu besoin de prendre une petite pause sur mes projets. En 2025, Pop’ Couture va prendre un nouveau tournant. Bien sûr, elle garde ses acquis, ses rubriques et ses blagues (plus ou moins drôles) mais je souhaite cependant rendre le projet plus professionnel, parce que j’ai le temps (le chômage freelance) mais aussi car j’ai la certitude que l’on peut aller loin, ensemble.

Pour la mode, fin de 2024 a pris la forme d’un véritable mercato. Mieux que des joueurs de foot en quête de milli, on a retrouvé tous les créateurs en vogue sur le banc des sélections. Au menu ? Matthieu Blazy arrive chez Chanel, Louise Trotter quitte la sublime maison Carven pour atterrir chez Bottega Venetta et le très-controversé John Galliano a annoncé son départ de Maison Margiela. Et bien sûr, la liste est non-exhaustive.

Au-delà de changement de postes, de périodes d’essai et de démissions (on n’est pas chez les RH ici), il s’agit pour les marques de véritables stratégies marketing. L’arrivée de Matthieu Blazy chez Chanel n’est, par exemple, pas anodine. Quand certaines marques telles que Louis Vuitton nomment Pharrell Williams à la tête de la Direction Artistique, il s’agit d’un choix commercial, prenant le tournant d’une mode divertissante et surtout : accessible. Or, lorsqu’un créateur comme M.Blazy (passé chez Bottega Venetta, Raf Simons etc) est embauché chez Chanel, cela permet à la marque de se placer à contre-courant du divertissement et de prendre une ligne plus intellectuelle, pour apporter une image de marque moins commerciale mais tout aussi luxe. Bref, dans cette rubrique, je ne vais pas m’étendre plus que ça, mais j’ai déjà hâte d’approfondir ces sujets en 2025. Stay tuned.


Contre-Couture

Ici, on décrypte la mode, sans faire dans la dentelle.

T’as pas un slim stp ?

Ça apparait de plus en plus en titre d’articles de mode et ça (re)commence à envahir les rames de métro bondées. C’est serré, parfois inconfortable et ça nous ramène straight to 2016 quand l’enfiler (une taille en dessous s’il-vous-plait) relevait presque d’un sport olympique. Si vous étiez au lycée à cette période-là, vous rêviez même dans un coin de votre tête que ça puisse compter dans la note d’EPS. Et ici, on ne parle évidemment pas des feuilles pour rouler vous-savez-quoi, mais bien du jean slim. Retour sur une pièce à-peu-près-iconique (et controversée) de nos vestiaires.

Non, tu ne sortiras pas habiller comme ça.

À la fin du XIXème siècle, le denim devient la it-matière pour les vêtements ouvriers. C’est archi résistants à peu près tout, ça se fabrique facilement (mais au détriment de la santé de ceux qui le produisent… bref) et ça peut durer toute une vie sans même (apparement) avoir besoin de le laver. Bref, le jean, c’est d’abord une affaire d’ouvriers. Bond dans les années 1950. Les Etats-Unis voient apparaître une nouvelle génération de chanteurs, à l’instar d’Elvis Presley, bien plus survoltés qui adoptent un look plus que disruptif pour l’époque : ils portent, à peu près tous, un jean moulant qui laisse apparaitre les cuisses. Aïe aïe aïe. Comment un vêtement “d’ouvriers” a pu se retrouver-là ? Justement, parce que le rock, le rythm’n’blues et tous ces nouveaux genres de musique ont un point commun : ils viennent de la classe ouvrière, qui se réapproprie donc la pièce iconique de leur vestiaire. Symbole de “l’enfant terrible”, il est même interdit dans de nombreuses écoles. Dans les années 1970-1980, il devient l’essentiel de tout bon punk qui se respectent. Il apparait même sur les podiums des défilés, notamment ceux de la Queen of Punk, la (très) regrettée Vivienne Westwood.

Collection Vivienne Westwood, années 1980Collection Vivienne Westwood, années 1980

Et puis, comme à peu près tous les vêtements “d’en bas”, le jean devient peu à peu un incontournable de toutes les garde-robes.

Bref, on ne va pas s’attarder ici sur son histoire, mais sur une toute autre problématique que soulève cette pièce de mode : le confort.

Le style avant le confort

Les années 2000-2010 signent l’âge d’or du jean slim. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il brille par son confort. Si cette tendance intervient dans un contexte de plus grande liberté vestimentaire, elle apparaît aussi dans une ère qui glorifie l’extrême minceur à l’instar des stars du moments comme Paris Hilton et Kate Moss.

Kate Moss en 2008Kate Moss en 2008

Et c’est bien la problématique du corps qui entre en jeu avec le jean slim. Il dévoile un physique mince et s’adopte beaucoup plus difficilement lorsque l’on dépasse un 38. Ajouté à ça, la taille basse, qui laisse apparaitre le string (ou un tatouage tribal pour les plus in du moment), n’est pas très “hanche-compatible”. Se développe alors une relation toxique avec cette pièce indispensable de nos vestiaires. Parce que tout le monde en porte, il en faut un coute que coute, même s’il nous coupe la circulation sanguine et qu’il faut y aller presque à quatre mains pour le retirer le soir. Les quelques pour cents d’élastane ne suffisent pas à rendre la chose plus facile, même si nos parents aiment raconter cette fameuse histoire que, “à leur époque”, il fallait s’allonger pour fermer le jean tant il était peu élastique. Bref, le jean slim a été vecteur de complexes et a, du jour au lendemain, presque disparu de nos vestiaires.

Confort + style = <3

Le confort et le style sont, contrairement à ce que l’on pensait pendant une bonne grosse décennie, très fashion compatibles. Lorsque Virgil Abloh, célèbre DJ Hip-Hop, prend la tête de la direction artistique de Louis Vuitton en 2018, c’est la consécration du street wear. On porte alors des matières plus fluides et on adopte des silhouettes plus larges. Petit à petit les jeans baggy prennent d’assaut nos vestiaires et on abandonne rapidement l’inconfort du slim. À ça, s’accompagne une tendance des corps plus pulpeux, charnus, à l’instar de Kim Kardashian, laissant complètement de côté l’injonction à l’ultra minceur (même si, on s’entend, voir une forme de corps comme une “mode”, c’est pas ouf, peu importe comment elle se matérialise). Par ailleurs, comment mentionner la tendance du confort sans parler de l’arrivée de l’épidémie du Covid-19 en 2020 ? Les différents confinements nous ont bien rappelé l’importance de se sentir bien dans ses fringues. Puisqu’on n’a pas le droit de sortir de chez nous, autant se sentir à l’aise. Si on aime toujours nager dans nos vêtements, on remarque que nos inspis mode se rapprochent de silhouettes plus cintrées.

Défilé Celine par Hedi Slimane, Menswear collection, Fall/Winter 2023 Défilé Celine par Hedi Slimane, Menswear collection, Fall/Winter 2023

Même s’il reste l’apanage de quelques fashionistas avant-gardistes, à l’instar des fans de Hedi Slimane chez Celine (on notera qu’il porte très bien son nom), doit-on redouter, après des années de critiques, que l’on veuille toustes reporter le slim ? En tout cas, on semble avoir passé les années post-covid où le confort était de mise.

Et ce début 2025 (et fin 2024) est marquée par l’apparition d’une nouvelle tendance inspirée des rockeurs des années 2010 : l’indie slease, où jean slim, santiags, perfecto en cuir et micro écharpe était la tenue de base pour tout cool kids qui se respecte. Affaire à suivre.


L’effet Kiff-Cool

Chaque semaine, l’effet kiff-cool a carte blanche. Dans cette rubrique, j’invite des cop’s à parler de ce qu’iels ont kiffé (ou pas), à s’amuser, à râler, bref à écrire tout ce qu’iels ont envie. Ça peut aussi être l’occasion pour moi de parler de mon coup de coeur (ou coup de gueule) de la semaine.

Cette semaine pour l’Effet kiff-cool, j’ai invité Eva Levy, une journaliste, autrice et créatrice de contenus spécialisée dans la culture, le ciné, la musique… bref tout ce qu’on kiffe et qui est cool. Il y a quelques temps, elle a même lancé sa newsletter (pour vous abonner, c’est ici). Je vous laisse avec ça et on se retrouve la semaine pro !

Avoir les cheveux bouclés en hiver, it's complicated.

Depuis toujours, j’ai les cheveux bouclés, et même si je les lissais tous les jours entre la 6eme et la 3eme, je ne pouvais tromper personne. 

Et j’ai appris à aimer mes boucles, mais il se trouve qu’il y a une saison où j’en ai marre d’avoir les cheveux bouclés, c’est l’hiver.  On ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’avoir les cheveux lisses est beaucoup plus simple sous 3 degrés. 

Je m’explique, les boucles demande de la tendresse, de la délicatesse, et c’est pas en mettant un bonnet 100 % coton, qu’on enlève une fois dans le métro, puis qu’on remet dehors qu’on arrive à garder des boucles sculptées ! Passer 1h à les sécher, car c’est hors de question de sortir avec les cheveux ne serait-ce qu’un peu humide. Vouloir les attacher pour éviter de subir les frisottis, mais du coup avoir froid aux oreilles. Il n’y a pas d’issues. 

J’imagine que je devrais lâcher l’affaire, accepter que mes boucles ne soient jamais très belles quand il fait froid, et que je les cacherais pour toujours derrière un bonnet. Je rêve de pouvoir me lever, brosser mes cheveux parfaitement lisses, et ne plus y penser pour le reste de la journée. Mais pas toute l’année, juste les trois mois de l’année où il fait super-méga-froid. Je suis pas prête à lâcher mes boucles, je les aime, mais elles sont pas faites pour les pays nordiques (a.k.a. Paris).

Je crois que la solution, c’est que je déménage à Miami tous les hivers. Car oui, l’humidité ça marche super bien sur mes cheveux. Bon, maintenant qu’on a trouvé la solution, faut que j’ouvre une cagnotte.

Eva Levy


Pssst. En parlant de cagnotte (tiens tiens), si tu veux soutenir cette newsletter, n’hésite pas à faire un tour par ici. C’est une cagnotte en ligne qui me permet de couvrir certains frais et de pouvoir investir dans des projets futurs. Merci.

Pop' Couture

Pop' Couture

Par Salomé Bruneau